Sanatorium de Paimio
Il s'agit d'un ancien centre pour tuberculeux en Finlande (à Paimio plus précisément). Après avoir remporté le concours organisé en 1928 reprenant l'organisation générale de son projet non retenu de sanatorium pour Kinkomaa, Alvar Aalto fut commissionné pour concevoir le bâtiment. Il fut construit entre 1929 et 1933. Il reçut rapidement les louanges de la critique finlandaise mais aussi au-delà des frontières. Bien que le bâtiment fasse partie de la période Moderne de sa carrière, et suive la doctrine et les idées pionnières de Le Corbusier concernant l'architecture moderne (=fenêtre en bandeau, le toit terrasse ou encore l'esthétique machiniste) il porte aussi en lui les prémisses de la voie singulière que prendra
Aalto plus tard, cherchant une approche plus synthétique. Par exemple,
l’entrée principale est caractérisée par un auvent à la forme libre,
tout en courbes, que les infirmières surnommèrent par la suite le
« poumon d'Aalto ». Jamais aucun des tenants du Modernisme n’aurait à
l'époque voulu dessiner une forme aussi aléatoire et organique. Pour voir une photo : Cliquez ICI
Sur ce bâtiment, Aalto Alvar a dit : « La forme du sanatorium en plan dérive de la tentative de saisir
séparément chaque partie dissemblable dans ce genre d’établissement,
donc les chambres et espace similaires sont mis ensemble pour former une
aile. Les ailes sont alors reliée à chaque autre par la partie centrale
du bâtiment, où les fonctions utiles à l'ensemble comme les escaliers,
les ascenseurs, etc. sont regroupées. Chaque aile occupe une position
particulière sur le site, en rapport avec les exigences des chambres.
Quand c’est possible, chaque aile ne contient qu’une seule « sorte » de
chambre (ou groupe de chambres où le besoin d’ensoleillement, de vue,
etc. est similaire). En conséquence, l’orientation de chaque aile a été
exactement définie » En résumé, le plan est organisé fonctionnellement, et biodynamiquement orienté par la boussole !
Le concept de départ d’Aalto pour ce sanatorium fut de rendre le
bâtiment en lui-même actif dans le processus de convalescence. Il aimait
à parler du bâtiment comme d’un « instrument médical ». Par exemple, un
soin extrême a été apporté lors de la conception des chambres des
malades : en général celles-ci accueillaient deux patients, chacune avec
ses placards et son lavabo. Aalto a dessiné des vasques spécialement
anti-éclaboussure pour ne pas qu’un des patients ne dérange l’autre en
se lavant. Les convalescents restaient un temps infini allongés, c’est
pourquoi Aalto disposa les lampes des chambres hors de leur champ de
vision et fit peindre les plafonds d’un vert profond anti-reflet, aux
vertus relaxantes. Chaque patient avait son propre placard prévu à cet
effet et accroché au mur sans toucher le sol pour faciliter le nettoyage
en dessous.
Lors de la création du centre, la seule façon connue de traiter la
maladie était le repos complet dans un environnement pur et ensoleillé.
C’est pourquoi à chaque étage, prolongeant l’aile des patients, se
trouvaient de longs balcons inondés de soleil jusqu’où on pouvait tirer
le lit des patients valétudinaires. Ceux qui étaient en meilleure forme
pouvaient aller sur le toit et s’étendre sur la terrasse-solarium.
Comme les patients séjournaient au sanatorium très longtemps, de l’ordre
de plusieurs années le plus souvent, il y régnait une atmosphère
particulière : celle d’appartenir à une communauté, composée des
patients bien sûr mais aussi du personnel soignant. C’est quelque chose
qu’Aalto prit en compte dans sa conception, avec une gamme d'équipements
accessibles à tous, une chapelle, aussi bien que des logements de
fonction pour le personnel, mais aussi une route de promenade
spécialement aménagée dans la forêt alentour. Dans les années 50 la
tuberculose put être en partie traitée par la chirurgie. Une aile
chirurgicale fut alors ajoutée, elle aussi dessinée par Aalto. Peu
après, l’éradication de la maladie put enfin être envisagée grâce à
l’apparition des antibiotiques,
ce qui en revanche fit baisser notablement le nombre de malades dans
l’établissement. Le bâtiment, exclusivement dévoué aux soins des
tuberculeux jusqu’au début des années 60, fut alors reconvertit en
hôpital généraliste. Aujourd’hui il fait partie du CHU de Turku.